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Dandy Halloween

Halloween, je l’ai dit dans mon billet d’automne, c’est pas tellement ancré dans nos traditions. Mais bon, fêter les morts, ce n’est pas réservé aux Américains, hein. Les Mexicains en font presque une fête nationale et le Halloween des USA n’est jamais que la déformation (phonique et culturelle) horrifique du Samain irlandais (un chouïa plus vieux, celui-ci).

Des traditions de fête de morts, il y en a à la pelle ! Toutes les cultures du monde ont un rapport particulier avec les défunts et surtout avec les ancêtres. C’est plus ou moins festif évidemment, et si les Mexicains mangent et dansent autour des tombes dans un univers coloré, les Celtes, eux, fêtaient le Samain en pensant que cette date marquait l’ouverture de la « saison sombre » et que c’était l’occas’ pour les morts de venir dire bonjour à la famille. Alors les Celtes ne ripaillaient pas AVEC les morts mais ils leur laissaient de quoi se sustenter.

        Soit. Moi, je viens de là. Du côté celte. Alors bon, de culture catholique et en étant Bretonne, la fête des morts, c’est l’occasion de se recueillir sur la tombe des aïeux (voire LES tombes), ça peut donner un pèlerinage de cimetière… C’est pas méga jojo mais la mort en Bretagne revêt ce caractère celte qui laisse toujours une place aux défunts. En fait, mourir, c’est un au revoir. Mais on ne parle pas de revenants non plus, hein. C’est plutôt que, de temps en temps, y a moyen d’échanger des banalités avec une essence (divine ou pas, je te laisse voir ce qui t’arrange). Donc exit le zombie dégueulasse arracheur de membre. Ici, c’est plutôt la bienveillance qui prime.

Du coup, c’est facile de comprendre pourquoi les Américains choisissent de faire baigner Halloween dans l’horreur avec force et fracas, monstres et zombies ou histoires sordides et sanguinolantes à souhait puisque le 31 octobre, c’est la porte d’entrée de notre réalité pour les morts.  Ca devient donc évident d’imaginer des corps décomposés ou la triviale opposition mort et vivant dans la confrontation. Oui… pourquoi pas. Ca donne le ton aussi… mais dans le gore souvent aux USA. (Ca fait beaucoup de fois le mot « mort » ou « défunt », je sais. Mais bon… on parle quand même de leur fête, hein !).

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Gypsy Halloween Chic

Et si, finalement, Halloween c’était l’occasion de faire perdurer une vision de la mort qui n’est ni triste, ni joyeuse, ni dégueulasse, ni effrayante. Après tout, c’est complètement bateau comme phrase, mais ça fait partie de la vie, non ? mouiiii… On aime ou on n’aime pas les esprits. On y croit ou on n’y croit pas aussi. Peu importe finalement, parce qu’Halloween c’est LE jour où tu as le droit de t’amuser de tout ce qui est étrange.  : les portes qui claquent, les trucs que tu ne retrouvent pas, les grincements… Sans avoir la trouille, je trouve ça mieux.

Ca fait qu’Halloween a quelque chose de plus feutré que les grognements monstrueux ou l’occasion de parler d’histoires terrifiantes. Je préfère y voir quelque chose de plus chic en m’inspirant des traditions bohèmes et anglo saxonnes. Mon Halloween est un Dandy Halloween. Il est sexy, sympathique et savoureux (de cocktails et d’amuse-gueules, hein !). C’est un peu comme l’univers de Tim Burton mais en gypsy ! On danse, on rigole, on parle d’anecdotes. C’est la soirée de l’étrange plus que de l’horreur (pas comme dans XFiles !).

C’est le soir où tu aimes l’idée de taper la causette à l’Ankou tout en faisant ta gypsy party avec des revenants d’un autre temps. Des Dandy Skeleton ou des esprits, mais pas de chair décomposée ! Nan ! Si t’es pas beau à voir, tu viens pas à la soirée.

Tu laisses le noir et l’orange aux enfants et tu prends des tons pourpres et dorés. Tu choisis des accessoires stylés, un air inspiré et le tour est joué. Ne joue pas le jeu d’un personnage mais juste celui d’un autre temps. Ne réponds pas à la question “tu te déguises en quoi ?” mais plutôt à “tu voyages dans quel temps ?”. Peut-être parce qu’en étant le jour des Morts, Halloween est surtout une fenêtre ouverte sur l’Histoire (et les histoires) et moins l’occasion de se prendre pour quelqu’un d’autre (pour ça, y a Carnaval).

Et puis si tu n’as pas envie de te déguiser, tu peux juste être pénard dans ton canap’ et te créer ton moment Halloween à toi. Avec 5 trucs cools à faire le jour des morts.C’est un jour dans l’année où tout peut-être mystifié. C’est un jour où, entre histoires et souvenirs les mémoires revivent, où l’impénétrable se démystifie et où l’étrange prend vie.

Olwen R.

Et demain, je te propose 5 trucs trop cools à faire pour cette-brume-etrange-penetrable-meilleure-photo-brume_34440 !

Une réflexion au sujet de « Dandy Halloween »

  1. Halloween est la contraction de All Hallows’ Eve. Littéralement, “Veille de tous les saints” ou “veille de la Toussaint”, All Hallows’ Eve est devenu Hallow-Even (“soir saint”), puis Hallow-E’en, et enfin Halloween.

    Le jour de la Toussaint, c’est le 1er novembre. Cependant, si pour nous une journée va de minuit à minuit, dans la culture hébraïque (c’est-à-dire dans la Bible), une journée commence le soir et s’achève le soir suivant. C’est pour ça que dans la Genèse, le récit de la semaine de création commence avec “il y eut un soir, il y eu un matin” et non l’inverse.

    Ainsi, dans le calendrier de l’Eglise, un jour festif commence la veille. La veille de Noël et celle du Nouvel An nous sont probablement familières, mais il y a également la veillée du Samedi Saint qui précède le matin de Pâques. De la même manière, la Veille de la Toussaint, Halloween, précède la Toussaint mais en fait aussi partie.

    C’est un jour de célébration de la victoire des saints unis avec Christ. L’observance de diverses célébrations de la Toussaint a débuté au 4e siècle, et ces dernières ont été unifiées et fixées au 1er novembre à la fin du 8e siècle.

    Les fêtes de la Toussaint et d’Halloween dans le christianisme méditerranéen de l’époque n’avaient pas grand-chose à voir avec Samhain*, si ce n’est la date et peut-être la tradition de se déguiser, mais le déguisement est une pratique religieuse si courante qu’il serait imprudent d’affirmer que c’est ici une reprise de Samhain plutôt qu’un élément propre à la fête chrétienne.

    * La plupart des sources invoquées aujourd’hui pour présenter Samhain datent du 18e et 19e siècle, époque où de nombreux groupes d’intellectuels ont cherché à redonner vie à des traditions religieuses anciennes et n’ont pas hésité à spéculer abondamment pour légitimer leur entreprise. Il existe en fait très peu de texte originaux ou de transmissions fiables des traditions de Samhain, et ces sources ne mentionnent quasiment rien sur la fête elle-même.

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